Lettre de Tel Aviv : Face aux craintes d’embrasement, Israël a trouvé la «parade»
Tel Aviv a déjà été maintes fois célébrée par les associations et la presse spécialisée comme la ville la plus accueillante du monde, la plus tolérante, la plus festive aussi pour les homos, devant New York, Madrid et Londres.
Ce sont donc des cohortes de couples « LGBT », mais en fait surtout « gays » qui sont arrivés en avance pour s’offrir une semaine de vacances sous le soleil de l’été précoce israélien. Ils étaient 20000 l’année dernière, on en attend au moins autant cette année, qui viendront grossir l’importante communauté locale.
Il faut dire que c’est une clientèle particulièrement recherchée par l’industrie touristique : Des « Dinks » pour « Double income », et-pour l’instant en tout cas-«no kids ». Ils dépensent sans compter, boivent, dinent, sortent en boite de nuit et ont même besoin de faire de la gym. Beaucoup de gym, même, si l’on en juge par les impressionnantes silhouettes bodybuilées qui parcourent la ville et les plages.
La municipalité a mis en place un site internet en plusieurs langues pour renseigner et orienter ces visiteurs accueillis à bras ouverts.
La campagne de promotion internationale aidant, la plupart des hôtels affichent donc complet, en tout cas les plus branchés et les plus luxueux, avec des tarifs pouvant aller jusqu’à $500 la nuit, sans même être assuré d’une vue sur la mer.
C’est aussi un événement politique. Depuis 15 ans, chaque année, Ron Huldai, le maire de la ville, bien que lui-même hétérosexuel- met un point d’honneur à s’afficher en tête du défilé. Des ministres, dont Yaïr Lapid, la révélation politique de l’année, ou Tsipi Livni seront aussi de la fête. L’année prochaine Tel Aviv aura d’ailleurs peut-être un maire homosexuel, puisque le député Meretz (gauche) Nitzan Horowitz qui vient de lancer sa campagne, ne cache pas ses orientations. Dans cette ville « dejantée », on se demande bien ce que les gens ont encore à cacher. Soutenu, notamment, par la communauté homosexuelle florissante et par la gauche qui réalise de beaux scores, il a de bonnes chances de l’emporter.
Au fait, il faut le savoir, on ne doit plus dire « gay pride », mais « LGBT Pride » (Lesbian Gay Bi and Transexual), et comme c’est un peu long, la « pride » tout court, ou la « parade », signe que la manifestation prend d’année en année un tour revendicatif de plus en plus « fourre tout », si l’on peut dire : Pour l’égalité des droits des minorités, et aussi pour la reconnaissance de ceux des animaux, Tel Aviv étant l’une des villes au monde ayant la plus forte concentration de chiens par habitant…
Actualité oblige, on insistera beaucoup sur la question du droit au mariage, et d’ailleurs les premiers mariés français de Montpellier sont annoncés ici comme les héros de cette vingtième édition.
Israël qui fait face en ce moment à une campagne de boycott de la part de certains artistes et d’universitaires (le physicien Stephen Hawkins vient de décliner une invitation d’un colloque international) s’enorgueillit de ce statut de capitale mondiale homosexuelle qui souligne d’autant mieux sa singularité dans une région où l’homosexualité est encore criminalisée. De fait, c’est le seul pays du moyen orient ou un arabe homosexuel peut s’afficher tranquillement avec son ou sa compagne, et beaucoup ne s’en privent pas.
20 ans de Gay Pride, 20 ans de fêtes et d’insouciance dans la ville de tous les plaisirs. Il faut dire qu’ici on sait ce que danser sur un volcan veut dire. 20 ans, coïncidence, exactement comme les accords d’Oslo qui, eux , n’ont pas connu le même succès.
2 Comments
Poster un nouveau commentaire